Il est tard ce soir
Des nuages gris
une musique
aux notes rondes
de nuit
la collégiale présence d'une mère
frêle et douce
comme la pommelle de la rampe
vers la cave menant
au piano des souvenirs
miel de nos mains jointes
contre les stores éventrés
par le souffle du missile.
Les soldats de l'an II
ont les entrailles à fleur de peau
pour sortant des fossés de Vendée
entrebâiller la porte
d'un regard doux
branche de houx posée sur le manteau de cheminée
en effacement des formes-pensées
sur le fond muet du mur de chaux
où évaluer le libre essor
des forces palmées
d'insectes noirs
s'agitant au dessus des ferrures de l'instinct
et chambranle passé
se mettre à l'abri
au creux des reins blancs
draps relevés jusqu'à l'envie
d'une âme
à la faculté
d'accueillir la parole vive
au sacerdoce d'un sac d'os
laissant paraître
la dérision du retour à la maison.
Du passé
prêt de toi
en fraternité d'être
la mémoire rappelle l'histoire
échangeant
vieilles photos écornées
la pulpe des fruits mûrs
ragaillardie par l'éclat rose bonbon
des joues de l'enfant blond aux eaux calmes
proie d'une lamproie
crispant de quelques coups de queue
la marge du cahier d'écolier
à décoller
en prise directe
sur la déréliction du temps venu.
( détail d'une œuvre de Jean-Claude Guerrero)
1137