Bien sûr qu'il eût du courage
Bien sûr qu'il eût du courage
cet homme
de vivre de longues années avec prudence
simplicité et modestie
à mener sa barque
le long des berges quotidiennes
sans avoir à demander où aller
sans voir le temps passer
en lente progression vers l'estuaire
où les limites se dérobent
où tout devient gris
que la vue s'obscurcit
que l'air manque
que l'esprit ne répond plus
mais où s'avance
triomphant en ses attentes
le mystère
cette lumière incréée
cette lumière intense venue de très haut
cette béance
habitée des vieilles âmes
ce frêle esquif
disparaîssant dans les brumes
ce point d'orgue
se confondant avec l'horizon
en souvenir de ce qui va et vient
l'espace d'un souffle retenu
en souvenir de ce qui fût
traces de ton nom sur le tronc scarifié de l'arbre
se retrouver assigné
à transformer cette écriture douce amère
en obligation de conscience
en marche sur le chemin
compréhension de ce qui est
crêpon de la plaie réouverte
une fin d'été
à mesure d'un regard échoué
à marée basse
chez celui dont le coeur demeure dans l'amour .
163