Les Vues Ardentes
Il était né dans la souffrance
Tenu par les pieds la tête en bas
Frappé
Et quand il cria ce fût la délivrance
La neige pouvait cesser de tomber.
La trace violette s'élevait
De la terre vers le ciel
De l'amas des pierres concassées
Vers l'horizon
Sans refuge.
D'étranges fissures
Dessinaient de fausses ouvertures
Sur les murs gris de parpaings
À la mesure des jours et des nuits
De moindre imagination.
En sortant
Il avait soustrait la poignée de la porte
Rendant le retour difficile
Jusqu'à ce que secousse le saisisse
Pour l'enfouir dans le sommeil.
Dire que cela le faisait fléchir
Ne pouvait que tarir
Cette effluve de tristesse
Bleue comme un ciel d'automne
Où se perdre sans se contraindre.
Appeler ses souvenirs
Le rendait apte
À dessiner sur les vitres embuées
Les silhouettes et les signes
De son entrée au monde.
Au loin les Vues Ardentes
Magnifiées par l'aiguillon du désir
Le faisait messager de la flèche
Sur la corde appliquée
En atteinte de l'absolu.
Les courbes de niveaux
Etaient un grand paquebot
Navrant de jets de vapeur
L'improvisation de cette approche
Codicille indocile.
Quittant la place
Éteignant les lumières
Il promettait d'être aux commandes
De l'étrange véhicule de son destin
Ce corps à la livrée sans-soucis.
À tâtonner la connaissance
Il se prit les pieds dans le lapis-lazuli
En contournement des étreintes
Fournies encapuchonnées par la saillie consommée
Chemise écarlate échancrée sans regret.
Nuitamment
S'approchant de l'embarcadère
Flasque vide
La surprise fût de croiser quelques archers
Graphés sur le mur des ancêtres.
Belle
Cette vie à la main leste
Laissant bras ballants
Traces de poésie
Sans contrepartie.
( détail d'une œuvre de Jean-Claude GUERRERO )
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