Une brèche dans le mur
au lieu-dit de Gergovie
réfugié de moi-même
derrière les pierres sèches
j'ai vu monter la mélopée cristalline
des siècles les siècles
que les Immortels ont généré
derrière le rideau de brume
de l'impalpable langueur
des jours les jours
passé à subir
la contrainte d'avoir été
le dépositaire de l'instant unique.
La nature est métamorphose
pour qui
taraudé par les désirs
descend du bois de la Montagne
tirant le buisson de genévrier
sur le chemin poussiéreux
à changer de main
quand douleur se fait sentir
et guetter là où se rendre
vers la lueur vacillante
du tunnel de l'esprit
la maison globalement indispensable
pour mon propre agir.
Je me lèverai à l'aube
et j'irai vers Toi
le grand le petit je ne sais
à bordurer la détresse
d'un lieu inenchanté
de chair et d'os habité
que nous avons eu la sottise
de laisser se déliter
alors que dehors il faisait froid
nous les immobiles sans nourriture
guettant la fin du poème
avec les moyens du bord
en échange d'un peu de sang.
J'ai peur
j'ignore
qui lira ces mots
vanité des vanités
au sanctuaire de ma solitude
la boite à double-paroi
où je vis
arrête de me dire merci
sans racine
feuillage à vaut l'eau
au vu de l'orient où tout repose
j'ai bu mon café
dans le vieux bol cassé.
1200