On m'a dit que je pouvais la ficeler
cette mort opaque et rance
ce paquet de craintes accroché à notre cou
et qui nous terrifie
quant aux idées que nous lui portons.
Etre le "moi" des accumulations
l'exsangue bassine des moires et des mémoires
l'enveloppe que nous avons usée
une fortune que nous avons déboursée
pour pas mourir trop tôt.
Dans l'espoir d'une science nouvelle
à prolonger la vie
à congeler pour une durée indéterminée
le corps en tête à tête avec le temps légal
nous avons retardé l'irrémédiable.
Au festin de la vie
avons invité le monde des opposés
peur et espoir
désirer quelque chose d'agréable et craindre de le perdre
mais point s'en faut.
Vivre d'instant en instant
sans réactivité aux défis
accrocher menue quincaillerie
sonnante le jour dissonante la nuit
en vision des allers venues.
Aimer la relation
par l'accueil direct de ce qui est
en conscience de l'inénarrable surprise
d'avoir à percevoir
le lever du soleil.
Le monde appartient à la vie
la mort appartient à la vie
cette affaire de partir puis de revenir
emplit notre calebasse d'expériences
en vue de nourrir la sagesse.
Luce ma sœur Luce
sans peur sans reproche
évadée des traitements de la maladie
sois grande
toutes facettes ouvertes aux énergies cosmiques.
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