Pour vivre
Il avait gratté les murs de la cellule
Pour de bon
Pour faire de la lumière
Pour les ongles en sang
endimancher de traces rouges
la collusion d'être de chair et d'esprit
Pour en toute impudeur
dire qu'il avait vécu là
de sa main ossifiée
le doute et l'espoir
Pour être encore en vie
ne fusse qu'un instant
Pour résister au buisson du silence
qui lentement le scarifiait
de mille et un tourments
dans cette nuit entre chien et loup
Pour la paix
sous la pluie de missiles
figurant à l'étage
le ballet des souris
Pour être vrai
sans ciel
sans visage
Pour hennir
une dernière fois
ente les deux mondes
Pour répondre
à des questions qu'on ne lui posera pas
Pour ouvrir la porte
à qui survient
Pour comprendre
qu'il n'y a plus à prendre
Pour retourner la plaie
Pour être de l'autre côté du miroir
Pour se voir
inspiré par les narines
et sage par le cœur
Pour retrouver le sein de la mère
à croquer les dernières noisettes du souvenir
Pour briller
encore et encore
à des années lumière de la terre
Pour écrire
sans titre
sans rimes ni raison
" Que nous ne savons pas grand chose
qu'importe la réalité
puisque l'horloge s'est tue
puisque nous avons l'image
et qu'à trop occuper les marges du sens
les livres deviennent cendres
à épouser sur le tard
les flocons de neige
de la fillette aux allumettes."
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