La beauté insolente
Un tas de souches
à la sortie du champ
je traîne je traîne.
Enrobé de nuages vermicelles
le ciel de mon enfance
transporte des merveilles.
Aparté sur le pas de porte
la rouge capeline
s'enroule sur elle-même.
N'en puis-je rien extraire
pas même les odeurs
miasmes surgissant des camps.
Affectueusement vôtre
la frise du train de papier n'est plus
il pleut ce soir.
Ne rajoute rien à ma peine
pas même un brin de muguet
mais fais ce qu'il te plaît.
En guise de viatique
une carte routière
pour rassurer les siens.
Un bûche tombe du ciel
directement dans le bûcher
bonne affaire pour ce soir.
De service pour une fois
au sortir du couvre-feu
nous regardâmes le ciel d'aurore.
En bas tout en bas
les vaches avaient à remonter la pente
et je tenais la queue.
C'était pareil dans les temps
avec de l'air frais tout autour
au passage du transformateur de béton.
Il y avait force guirlandes et rubans
au mariage de Georges et Renée
dans la barboteuse je faisais le cacot.
De cette sève là
je nais et meurs
plusieurs fois
à la porte de l'amante
et cette ivresse doublée de lucidité
donne sens et intelligence
sans en parler
pour fonder la beauté insolente.
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