Petite adresse au Golem
Le Golem des bas-fonds
à la sortie de la mine
peine à retrouver son foyer.
Les copains d'abord
un petit coup
et puis s'en vont les bonnes résolutions.
Pour au coin de la rue
sauter sur la petite voisine
qui revient des courses.
La masculinité est en déshérence
ses terrains d'expression sont en friches
ses pulsions ne sont plus accueillies.
Il y a de l'orage dans l'air
pour les tenanciers de la lance dure
il est des armes recluses.
La rusticité n'est plus de mise
les temps sont durs au castelet
pour Guignol et le Gargamelle.
Même les virus le frappent
le pauvre homme à peau de bête
le brave garçon de l'Amérique.
Son territoire se réduit
la force musculaire ne fait plus recette
les femmes même se mettent à penser.
Les familles ne sont pas à l'abri
du désir aux mains du plus offrant manipulateur
sans foi ni loi.
La créativité jaillissante
renversant les codes moraux
devient sujette à tergiversations.
On ne compte plus les débordements
police et justice sont mises en demeure
d'aider la femme et l'enfant.
Chronos doit rogner ses dents
il est obligé de manger les pierres
dans la plaine immense ouverte aux vents mauvais.
La beauté doit maintenant se négocier
il ne s'agit plus de briser les codes admis
les niveaux d'antan sont débordés.
Il s'agit de gravir de nouveaux sommets
éloignés des gouffres du crime
dans l'acceptation de la présence humaine.
Quand les brumes se dissipent point de facilités
L'aurore est à cueillir tous sens dehors
afin d'émerger de la gueule de bois de la veille.
Montrer le rude et le brut
dans les foires et les stades
n'est plus chose facile.
Les algarades et les pétarades
des tenants de la virilité
nuisent à la complexité fine de la vie.
Le graveleux écorne le plâtre des arrière-cours
les sous-bois gémissent des assauts du dieu Pan
les arbres craquent sous la violence des percussions.
Un hiver à la glace captatrice
un hiver de reclus aux longs rituels
porte à la réflexion, à la méditation.
Replète dans sa mise en boule
la chaleur glisse sur la peau
pour que les yeux s'emplissent de joie.
Il est temps de remiser ses habitudes
de se ressourcer au palais des douceurs
en sagesse dans l'attention portée aux autres.
Changeons de trottoir
ne divaguons pas près des barricades
organisons en tendresse l'écume des jours.
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