Me dis que la parole poétique
Me dis que la parole poétique
c'est comme la mer
bien loin au loin
giboyeuse de rêves
et racleuse de mots
lorsqu'elle griffe la côte.
Et si c'est de nuit
que la foi chancelle
et qu'un vent froid brasse l'écume
les hurlements des marins en détresse
se font entendre dans les criques
chapelles ardentes des trépassés.
Rare et obstinée présence
de cette nécessité du poème
révélation journalière
à ne pas manquer le rendez-vous
percée magique des mots de braise
dans l'âtre aux flammes aiguisées.
Je vous aime ma vie
d'humbles existences affublée
dentelles du quotidien
que des mirlitons dévorent
telles les perles de verre
dans la lumière clignotante du matin.
Ne vous affligez point
il est des poupées malmenées de l'enfance
abandonnées sur le trottoir
que le passant ramasse
lambeaux de tendresse écrue
transfigurant celui qui regarde.
Les tambours de l'automne
ont rassemblé les murmures
et claque aux marches de l'univers
le nom très saint et vertigineux
des officiants du cercle
que l'amitié révèle en échos.
Viens contre l'arbre
et le sais par avance
que la gerbe des flûtiaux courroucés
par la plainte insensée
construit les pans de rire
des retrouvailles naines.
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