Sylvain_100_x_72_cm

Sylvain .

Flûte andine à la sortie des garages

petit homme droit sur ses appuis

la bouille chafouine

et néanmoins indéfectiblement optimiste

ça balance et ça revient

cette verrue sur le nez

partie en espace

de ses harnais les tuyaux de l'air

montrent la piste du caravansérail

où s'arrêtent les chameaux de l'obscure évidence .

 

Elles balayaient devant leurs portes

les flèches pointues de la dérision

irrésistible amour

de tes genoux sensibles 

Ô mon amour tamaris aux yeux doux .

 

En conversation avec la paresse

nous fûmes nus

haletants devant le grand désastre

le carnage jusqu'à la moelle

par dessus les gouffres

en agonie 

les fossés comblés

par l'âcreté des égouts refluants.

                                                               

Puis le temps à contre-jour fît le reste .

Le corps dénié nous éloignât

sur la pointe des pieds

père et fils morts

les oiseaux replièrent leurs ailes

plus vite se succédèrent

la forme et le sens donnés à la vie

mains et lèvres plaquées contre la vitre

à murmurer la table de multiplication

sur la buée des coeurs froids .

 

Mon enfant

les portes et fenêtres sont refermées

l'abîme contient le germe 

des boites sans frein et sans refrain

éclatées à coups de burin

mes doigts en sang

agrippant la gouttière

ce tabernacle des eaux ligneuses

exposées au vol des étourneaux

emmenées déposées

sanglante beauté

puissantes enjambées finissant à cloche-pied

sous le pont de Grenelle

à ramasser quelques boulets de charbon dans le grand cabat noir .

 

Ô fils

au fil à fil

des statues de sel

que trouble la parole perdue

d'entre le visible et l'invisible

un pas sec cadenasse

le passage pneumatique de ton fauteuil roulant .

 

 

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( Dessin de Sylvain GERARD )