Je vois, j'entends, je sens, je touche, ma gorge est sèche, il fait bon chaud .
Le jour est mouillé de rosée,
la lumière est blanche,
les feuilles fraîches des arbres en printemps sont affamées de beauté .
Et je change,
à chaque seconde je change .
J'évolue,
je chevauche à hue et à dia le souffle de l'univers,
et le monde change en moi .
Je bois la résonnante transparence,
et je transmets .
Ma mission est de faire passer ce qui est
au hasard de l'étincelle bâtisseuse .
Patience, patience,
mes os craquent
les greniers se vident,
la parole ouvre l'orifice de la gorge,
je tends les voiles du coutre princier,
et parfais le donné .
Mon corps .
Et c'est une chance que d'avoir un corps .
Le corps de l'océan aux bulles d'air rendues,
et c'est une chance d'être en tension
aux estuaires de l'aube éternelle .
C'est par la pratique personnelle,
à contre-pied des accroupis de l'ombre ,
que rencontrer la froidure du matin,
ouvre le cri de vie
loin de l'amour-néant qui fût le notre .
Mon être le plus cher,
ce monde qui est en moi,
plus grand que moi,
l'autre moi .
Je suis à toi .
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