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la présence à ce qui s'advient
13 avril 2016

Peindre ses fenêtres à l'encre bleue

 

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Peindre ses fenêtres à l'encre bleue .

Remiser la griffe du frêne .

Guetter les gouttes d'eau tomber du toit .

Montrer du doigt le faisan perché sur la clide du jardin .

Puiser l'eau de la fontaine dans les seaux de zinc .

Remettre la barette dans ses cheveux .

Escalader le tertre exposé au vent du nord derrière la maison .

Plonger ses sabots dans la bouse fraîche .

Ne pas oublier le bonnet de laine .

Après l'orage faire naviguer les bâteaux d'écorce de pin sur la flaque d'eau .

Surprendre les grands parents évoquer au coin du feu mon père et mes oncles .

Trier les lentilles dans le grand plat brun .

Choisir et manger la rave piquante .

S'assoir sur la pierre sous la fenêtre aux barreaux .

Faire la feuillée dans le pradou .

Ramasser l'herbe pour les lapins .

Choisir le bâton .

Passer la main sur le cuir rêche des vaches .

Regarder leurs grands yeux tristes .

Parfois, pleurer avec elles .

Revenir de l'abreuvoir par la côte en tenant la queue de la Mareuille  .

Rappeler les chiens, Riquette et Champagne .

Entendre le barrou de fer s'enfoncer dans sa coche .

Une unique ampoule électrique au centre de la pièce .

Monter sur la chaise prendre le fromage sous le plafond .

Ouvrir le grand tiroir aux tourtes de pain .

Aller tirer le vin du tonneau par dessus le trou .

 

Cette longue marche vers l'église des dimanches .

Le cadre de grand-père chargé de ses médailles militaires .

 

Je n'ai pas su , on ne m'a pas dit .

Que les grands devaient s'occuper des petits .

Je pars en livraison obligatoire .

La clepsydre du temps s'inverse .

Silence .

Cette levée de poussière provenant de la route en terre battue .

Par grand vent retenir les paillets prêts à s'envoler .

Enfourcher le vélo .

Disparaître dans la forêt de Laroussière entre pins et genévriers .

Entendre le vent me parler .

En cadence .

L'horloge frappe le temps de son battant de laiton brillant comme un sou neuf .

 

Ils ne se retournèrent pas quand je les appelai .

Hors la brume matinale émerge la mise en demeure de nos ancêtres .

La terre craque .

Par les infractuosités montent les souvenirs .

Je croque la pomme .

Le pommier se courbe vers mon ombre .

Elle parle de ces cendres répandues sur le pas des portes .

Ultime cri d'amour hors les vestiaires .

Sur le champ des poteaux dressés .

En passe d'être le pré reverdi des futures générations .

Fleur parmi les fleurs le soleil ouvre et ferme leurs corolles fraîches .

La Lande de ses herbes rêches pressent nos têtes contre son sein .

Au loin l'estampe des montagnes .

Le plomb du Cantal, le Puy Mary .

Résonne l'angélus .

Devant les voix qui se taisent nos doigts se joignent .

 

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Commentaires
L
ah que de souvenirs, bien vivants encore, voir le grand père trancher la tourte de pain d'un seul jet avec son petit couteau et sans y faire une bavure, regarder filer le passe-partout sur les billes de bois, écouter les buches se cogner dans le cabanon, voir le grand'père couper en petits dés les pommes de terre et les faire sauter sur la cuisinière etc..............
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la présence à ce qui s'advient
  • La communication, l'initiation, ne se font pas sur commande. Ce sont en effet des mouvements privilégiés, providentiels, au cours desquels se produit un dévoilement né d'une étincelle jaillie du frottement de deux âmes.
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