Crier sur la "Lande"
Crier :
"Va la querre à l'aille" à "Champagne" ,
ce chien que nul n'avait éduqué
à rabattre les vaches
là où elles devaient brouter .
Il pleuvait .
Immobile ,
assis sur une pierre plate ,
enveloppé dans la pellerine de caoutchouc ,
à chaque goutte de pluie frappant la capuche ,
répondaient de fines coulures d'eau .
Je ressentais le mystère d'être " là " ;
ce que plus tard je nommerai
" le coeur du temps qui passe " .
Dans l'abri san toit ,
paré de grosses pierres gris bleues ,
j'étais le vent ,
qui par rafales ,
griffait mon visage .
J'entrouvrais et fermais les yeux ;
pour découvrir le plein et le délié
dans le mi-clos de mon corps .
Je léchais l'humide autour de mes lèvres .
Les mains à l'abri ,
j'étais tout ce qui m'entourait ,
sans que je ne le touche .
Je savais que Grand'père viendrait me chercher
pour rentrer les vaches .
Et pourtant je ne l'attendais pas .
Je regardais ailleurs .
Je n'avais pas d'heure .
J'apprenais à ne pas vouloir que cela arrive .
Et que Grand'père surgisse !
Cétait bon .
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